Peut-être que le titre de cet article vous interpelle ? vous énerve ? vous fait réagir ? Hé bien moi aussi, et pourtant j’en suis l’auteure. Aujourd’hui, je fais un point sur cette fausse croyance du régime sans gluten.
Il y a peu, je me suis énervée toute seule sur mon canapé. La cause ? Le titre d’un magazine de « santé » « Perdez 4kg avec le régime sans gluten ». Oui ça m’hérisse les poils. Cette mode, ces croyances autour de cette fameuse protéine qui rend réellement certaines personnes malades, mais qui est au centre de toute les accusations… Mais alors, prendre le gluten comme facteur de surpoids, ça non.
Manger sans gluten, c’est un choix. Déjà, soit vous êtes cœliaque (donc vous avez une maladie auto-immune qui grignote vos intestins) soit vous êtes hypersensible, et oui ça ça existe vraiment, et votre digestion se voit modifiée quand vous dépassez votre seuil de tolérance. Les autres personnes qui ont décidé d’entreprendre ce régime par choix personnel, dommage pour vous. Vous vous privez pour rien. Et peut- être même que votre vie sociale en pâtit un peu. Et c’est toute une organisation. Parce que oui, faire attention à toutes les étiquettes, guetter la moindre trace d’amidon de blé, de présence, de traces… et bien ce n’est pas facile, et encore moins quand on va au restaurant ou qu’on est invité chez des amis.
Mais revenons à nos moutons, et parlons perte du petit bout de gras. L’année dernière, quand j’ai entrepris ce régime si particulier, j’avais de réels problèmes de santé, et c’était un test, encadré par des docteurs, que nous avons fait. Alors oui, j’ai minci. Mais le gluten n’y est pour rien. Quand on enlève biscuits, gourmandises, et beaucoup de choses industrielles de ses petits repas, et bien forcément on mange plus sain. Mes repas étaient composés de légumes, de féculents, de desserts ou pâtisseries maison, de compotes, de fruits… Bref, rien de très gras, ou de très sucré… forcément, j’ai pris de meilleures habitudes alimentaires, associées au sport, et ça a été le combo gagnant. Cela dit, ça n’a pas été sans mal. Au début on a l’impression de se priver, de ne pas pouvoir manger comme les autres, d’être une handicapée de la bouffe… Mais c’est comme tout, une fois les règles du sans gluten assimilées, ça roule. J’ai eu plusieurs fois la remarque « oooh t’as minci, je vais faire le même régime que toi ! ». Ce qui me blessait profondément. Non seulement les personnes en face de moi n’avaient rien compris, et ne comprenaient pas que je faisais face à de gros problèmes intestinaux… mais en plus elles n’essayaient même pas de comprendre pourquoi j’avais minci. Pour elles, l’arrêt du gluten était la solution.
De plus, je connais des personnes de mon entourage, victimes de la protéine qui ont le régime très strict. Pour elles c’est un enfer de sortir entre amis. Et malgré les privations que cela implique elles n’ont pas perdu un gramme. Certaines ont même grossi. Hé oui, encore faut-il savoir bien manger. Si vous vous faites des plâtrées de pâtes au sarrasin, avec crème fraîche/fromage, et que derrière vous vous enfilez un paquet de muffins à la farine de riz, ça fait beaucoup de sucre, d’acides gras saturés, et le bouton du pantalon est au bord du gouffre..
Encore une fois, c’est l’alimentation variée et équilibrée qui paye. Pas besoin de mettre le gluten sur le banc des accusés pour modifier ses menus. En en aucun cas, cette protéine présente dans le blé, l’orge et autre ne fait grossir. Je trouve ça très grave de la diaboliser autant. Les produits gluten free sont devenus des machines marketing. Souvent hors de prix (4€50 la boite de 6 madeleines, cimer Albert), et pourtant si consommés. N’oublions pas qu’il s’agit ici de produits sucrés, alors gluten ou pas, mangez votre paquet et vous verrez que l’aiguille de la balance fera la tronche… Je trouve très dommage que des magazines qui se disent « sérieux » utilisent cette stratégie de mots clés, pour attirer les lecteurs. Je crois qu’ils ne se rendent pas compte des idées qu’ils peuvent véhiculer (ou pire ils s’en tamponnent).
Cependant, on peut aussi y avoir des bons côtés à ce régime. Les « vrais malades » sont ainsi moins exclus. Quand on voit fleurir moult recettes sur les réseaux sociaux avec farines de toutes sortes, c’est sur ça peut donner de bonnes recettes, des idées, et des partages intéressants. De plus, il devient plus facile de cuisiner pour un ami qui souffre de cette maladie. D’un autre coté, les cœliaques pourraient aussi se sentir « insultés » devant cette standardisation de leur régime imposé. Ils voient défiler des personnes qui vont bien et qui s’infligent des privations inutiles, pendant que eux n’ont vraiment pas le choix… Sans parler de cette maladie star de ces dernières années qu’est l’orthorexie (l’obsession de manger sain) et qui bat son plein avec des décisions d’arrêt de tel ou tel aliment. Après le gluten, le lait, le soja, que va-t-on mettre à l’échafaud ?
On peut cependant se poser une question (qu’on m’a justement demandé le weekend dernier) et qui décide beaucoup de personnes à entreprendre le régime : Le gluten est-il mauvais pour la santé ? C’est vrai qu’on pourrait douter de sa digestibilité vu le nombre de malades accru qui apparaît… Et je vais vous donner mon propre avis la dessus. Il y a plusieurs raisons à cette impression d’augmentation de malades. Avant, cette maladie était très peu connue, donc on ne la diagnostiquait pas et elle passait comme « troubles fonctionnels de l’intestin », gastro, voire dépression. Puis la science à fait des découvertes, pour certains le gluten cause des dégâts sur les micro villosités des viscères, c’est un fait, et donc nous avons mis un nom sur ces maux. Du coup, les gens malades avant, se sont vus attribuer une vraie pathologie. Et maintenant il y en a beaucoup plus qu’avant forcément. La deuxième explication, c’est que, de nos jours, le blé est fortement trafiqué. Le nombre de leurs chromosomes a augmenté, les produits chimiques sont passés par là, plus les modifications ajoutées lors de la fabrications des produits qui l’utilisent… ça fait beaucoup… Alors oui, on n’a plus du tout la même nature de blé qu’il y a quelques années. Et ceci expliquerait cela. Je n’ai plus tellement confiance envers les produits industriels, et je n’en consomme quasiment plus, mais sans pour autant me priver, et faire quelques écarts. N’oublions pas que l’alimentation reste un plaisir, un partage, et si on commence à tout vérifier, et tout suspecter, bye bye bonheur, bonjour l’angoisse.
Je ne vais rien vous apprendre mais tout est question d’équilibre. Vous pouvez décider de manger moins de gluten si cela vous chante, et découvrir une cuisine alternative à base de farine de riz, de sarrasin…. Ça fait partie de l’alimentation variée. Mais ne supprimez pas complètement le pain, ou autres produits céréaliers. Nous en avons besoin pour l’énergie et moult bons nutriments qu’ils apportent aux corps. Et puis c’est dommage, parce que c’est bien bon quand même… Depuis quelques mois, j’ai repris une alimentation avec produits céréaliers, un peu de pain complet, et je connais bien mon seuil de tolérance. Je rééquilibre quand il faut. Et je vais vous dire un secret, je n’ai pas repris un gramme.
Ne commencez pas des régimes sans avis de spécialistes, ils pourront vous aiguiller, vous guider et certainement répondre à bons nombres de questions que vous pourriez vous poser. Attention aussi aux différentes sources du web… il y a de tout et n’importe quoi. Jetez un oeil sur le site de l’afdiag qui vous donnera de vraies infos sur le gluten et vous fera prendre conscience de la vraie difficulté à laquelle les malades font face. Réfléchissez bien avant de vous lancer dans l’inconnu 😉
Pour conclure, non le gluten ne fait pas grossir. Et manger sans gluten ne sera certainement pas le régime miracle pour vous faire perdre vos kilos… Mais attention aux produits industriels qui ajoutent des sucres cachés, des acides gras saturés, et plein d’autres choses qui sont beaucoup moins bonnes pour la santé. Manger sain sans régime « sans » c’est possible.